Il y a quelques mois, Arte diffusait le film Soylent Green (dont la traduction française en « Soleil Vert » n’est pas forcément la plus évocatrice). Véritable incontournable, cette dystopie de Richard Fleischer, basée sur le roman éponyme de Harry Harrison, a pour particularité de se situer en… 2022. Mais plutôt que de revenir sur le film lui-même, j’ai choisi de m’attarder sur son générique d’intro.
À vrai dire, cette séquence, réalisée par Chuck Braverman est davantage un « film dans le film ». D’une durée de 2 minutes 30, elle enchaîne un ensemble de photos non-commenté, simplement accompagné d’une musique illustrative. Avec un simple effet de dézoom et de juxtapositions, elle illustre les transformations apportées par la révolution industrielle, le développement des mégalopoles, et jette un regard précis sur les conflits sociaux, la surconsommation, la pollution et l’épuisement des ressources naturelles. Autant de thématiques qui résonnent avec notre époque.
De même, le rythme du montage et de la musique est particulièrement intéressant. Au fur et à mesure, ces derniers deviennent de plus en plus rapides, voire saccadés, illustrant l’accélération du temps et la frénésie de nos sociétés modernes. Puis, en conclusion, l’image comme la musique se font plus calmes – mais aussi plus mélancoliques. Un point que vient accentuer le retour au sépia. Et, à l’issue de cette séquence, s’affiche un message, implacable : « New York 2022 : 40 millions d’habitants ».
Près de 50 ans après sa sortie, Soylent Green demeure assurément marquant, perturbant, tant il s’avère prémonitoire sur bien des points. Heureusement, le 2022 que nous connaissons est loin de ressembler (pour l’instant ?) à celui dépeint dans le film. Mais il est troublant de voir comment, en si peu de temps, ce montage – et le film de Richard Fleischer – viennent frapper nos consciences.