Le 28 octobre, Nikon a (enfin !) officialisé son hybride sportif professionnel. Le Nikon Z 9 vient donc concurrencer frontalement les Sony A1 et Canon EOS R3. La grande bataille des hybrides pro vient donc commencer.
Nikon Z 9 : tant attendu… et inattendu !
Le moins que l’on puisse dire, c’est que Nikon a pris son temps. Le Z 9 arrive un mois et demi après le Canon EOS R3 et… 10 mois après le Sony A1 !
Mais le moins que l’on puisse dire, c’est que la patience des nikonistes est récompensée – et de la plus belle des façons. Capteur plein format rétroéclairé et empilé de 45,7 Mpx, rafale stratosphérique à 120 i/s, viseur électronique sans black-out, vidéo 8K 30p… Les caractéristiques du Nikon Z 9 sont extrêmement impressionnantes. Pour en savoir plus, je vous recommande l’article ultra-complet rédigé par Damien.
Mais le point qui m’a le plus marqué, c’est l’absence complète d’obturateur mécanique. Pour Nikon, le pari est vraiment osé – surtout pour un boîtier destiné aux professionnels. Certes, la marque indique que le rolling shutter doit être absent… mais est-ce le cas à 100 % ? Et quid de l’effet de banding, qui génère des bandes noires très gênantes avec certains éclairages ? Jusqu’ici, l’obturateur mécanique pouvait prendre la relève en cas de besoin. Sauf qu’ici, aucune planche de salut le cas échéant.
D’un autre côté, nous savons que l’obturation globale (électronique) représente la prochaine étape de la photo sur hybride – avec des capteurs capables de capturer les images en une seule fois, en lisant l’intégralité des pixels. Incontestablement, Nikon cherche donc à prendre de l’avance… Mais son capteur est-il capable de tenir la cadence ? Seul un test terrain permettra de le dire.
Mais surtout, le Z 9 sert à montrer le grand retour de Nikon sur le devant de la scène – et cela fait plaisir à voir. Avec une fiche technique aussi impressionnante, le Nikon Z 9 marque les esprits, ce que les précédents boîtiers peinaient à faire, malgré d’évidentes qualités.
Sony A1 : the supreme leader ?
Dévoilé au début de cette année, le Sony A1 est incontestablement une bête de course, avec son capteur de 50 Mpx, sa rafale à 30 i/s (mais pas à 120 i/s…) et sa vidéo 8K.
Mais la prouesse de Sony est-elle si impressionnante que cela ? D’un côté, le Sony A1 est un boîtier exceptionnel, mais il n’est que l’aboutissement logique – et finalement assez prévisible – des efforts déployés par Sony ces dernières années.
Pour mémoire, le premier Sony NEX date de 2010 (!), et la marque a lancé son 1er hybride plein format à peine 3 ans plus tard, en octobre 2013. Ainsi, Sony a décliné – avec une grande maîtrise, il est vrai – une formule qu’elle maîtrise déjà depuis longtemps. Ainsi, les Sony A9 puis A9 II ont déjà préparé le terrain pour l’A1, en occupant le segment des boîtiers professionnels.
À titre de comparaison, Nikon et Canon se sont mis aux hybrides beaucoup plus tard que Sony. En comparaison, la prouesse des deux marques historiques est donc comparativement plus grande. Et encore plus pour Nikon, qui a dû affronter d’importantes difficultés financières, qui ont résulté en une réduction de son budget R&D et à la délocalisation de ses unités de production.
Mais rendons à César ce qui lui appartient : le Sony A1 est un boîtier extrêmement performant, tant en termes matériels que logiciels. Quiconque a déjà testé les modes de détection et de suivi du sujet proposés par les derniers boîtiers Sony saura de quoi je veux parler.
Au-delà de l’Alpha 1, Sony propose aujourd’hui une gamme de boîtiers et d’objectifs d’une rare cohérence. Le parc optique de la monture E est d’ailleurs beaucoup plus fourni que celui des montures Z (Nikon) et RF (Canon). Et le dernier A7 IV s’avère très séduisant – même si son prédécesseur, le Sony A7 III, reste toujours dans la course, 3 ans après son lancement.
Canon EOS R3 : un cas particulier
Last but not least, Canon a dévoilé son EOS R3 en septembre dernier. De ce boîtier, je retiendrai 3 éléments :
- Son design monobloc tout en rondeurs, extrêmement agréable à prendre en main ;
- Son système de contrôle de l’AF par l’œil, à la fois surprenant et hyper-efficace ;
- Son nom (EOS R3, et non EOS R1).
Et ce dernier point est sans doute l’un des plus intéressants. Interrogée à ce sujet, Canon m’a répondu que l’EOS R3 n’a pas vocation à remplacer le vénérable reflex EOS-1D X Mark III (lancé en 2019).
Concrètement, l’EOS R3 est supérieur à son homologue reflex sur bien des aspects (que je détaille dans cet article). Mais en termes d’étanchéité et de résistance aux conditions climatiques les plus extrêmes, le Canon EOS-1D X Mark III conserve l’avantage.
Ainsi, la marque confirme à demi-mots qu’un futur boîtier Canon EOS R1 est à venir. Quand ? On l’ignore. Mais il est possible que ce dernier embarque un capteur à obturation globale – ce qui n’est pas le cas de l’EOS R3.
Ainsi, le Canon EOS R3, aussi performant soit-il, n’est donc pas le boîtier le plus haut de gamme de la marque (actuel ou futur). En conséquence, Canon est donc la seule marque de notre trio à ne pas avoir dévoilé son hybride plein format professionnel « absolu », celui qui vient coiffer tous les autres boîtiers, toutes gammes confondues.
Là où Sony possède son A1 et Nikon son Z 9, Canon « occupe le terrain » (même si j’avoue que l’expression est assez sévère) avec son EOS R3… en attendant l’arrivée de l’EOS R1.
Cependant, ceci n’empêche pas l’EOS R3 d’être un très bon boîtier, qui devrait servir fidèlement les photographes professionnels avec une excellente qualité d’image, en photo comme en vidéo. Et avec le contrôle de l’AF par l’œil, qui doit grandement faciliter le travail des photographes sur le terrain.. Sans oublier le parc optique en monture RF, certes moins étendu que celui de Sony mais qui comporte de superbes objectifs de la série L.
Avec ces différents lancements, intervenus au cours de ces derniers mois, Canon, Nikon et Sony placent leur bolide sur la ligne de départ. Au-delà de la qualité d’image et de leurs fonctionnalités, il sera intéressant d’étudier les stratégies marketing de chacune des 3 marques pour convaincre les photographes de faire le grand saut vers l’hybride… et, le cas échéant, de changer d’écosystème.
Et vous, lequel de ces 3 boîtiers vous a le plus fait de l’œil ? Dites-le-moi dans les commentaires ! Et rendez-vous dès maintenant sur Phototrend pour retrouver toute l’actualité photo.